Formateurs collectant des données à l’aide d’applications de réseaux sociaux telles que Facebook Messenger, WhatsApp et Upinion Web App à Bankass. © Voice4Thought Académie
Dans le blog, vour trouverez un lien centre de ressources. Le centre de ressources est un site web où sont archivés tous les documents – texte, photo, vidéo, audio – qui sont collectés dans le cadre de la Voice4Thought Académie. Le centre de ressources sert d’archives où les parties intéressées peuvent rechercher des informations.
Auteur: Patrick Kimararungu et Mamadou Togola
La lutte contre le chômage des jeunes est devenue de plus en plus urgente face à la détérioration de la situation sécuritaire où des groupes criminels et radicaux ont pénétré certaines régions du Mali. Ils ne sont en grande partie pas découragés par le gouvernement malien et continuent de recruter des jeunes qui ne voient aucune alternative viable. Les efforts passés pour lutter contre le chômage des jeunes ont donné peu de résultats. Le gouvernement peut faire une différence en créant de meilleures conditions pour l’entrepreneuriat chez les jeunes. Cependant, les jeunes croient toujours qu’une condition importante est de lutter contre la mauvaise gouvernance et la corruption qui, si elles ne sont pas résolues, attireront davantage de commerce illicite, de criminalité et de terroristes.
Le chômage des jeunes comme sujet de conversation a été sélectionné au cours d’ateliers et les discussions entre formateurs et leurs assistants sur les réalités de leurs localités. Le chômage des jeunes a été un défi majeur non seulement au Mali mais dans tout le Sahel. C’est dans ce cas que nous avons mené la recherche sur le chômage des jeunes dans quatre sites d’interventions dans lesquels nous opérons (Bankass, Bougouni, Douentza, Macina).
Cette étude menée par la fondation Voice4thought à travers son projet Voice4thought Académie Mali (V4TA) en partenariat avec le Groupe Observation des Dynamiques Sociales, Spatiale et Expertises Endogènes (Groupe ODYSSÉE) et Upinion, est partie d’un ensemble de questions portants sur les perceptions de jeunes sur le chômage et les causes du chômage dans leur localité et ses conséquences.
Qu’est-ce que le chômage pour vous?
En général, le terme ‘chômage’ est un terme désignant les personnes employables et à la recherche d’un emploi, mais incapables de trouver un emploi. De plus, ce sont les personnes qui font partie de la population active ou du bassin de personnes qui sont disponibles pour travailler qui n’ont pas d’emploi. Mais le terme ‘chômage’ peut être discutable ; souvent les jeunes font référence à l’emploi quand cela concerne un métier qui est lié aux services publics ou bien aux ONG. Les jeunes dans les quatres localités ont exprimé leurs idées et ce qu’ils pensent être le chômage.
C’est dans ce sen que Abrahamane disait : “Le chômage n’est autre que le manque de travail mais selon ma compréhension, le chômage n’est pas seulement le manque de travail, tu vois, les chemins sont nombreux, tu trouveras qu’il n’y a pas aussi de travail à faire pour certains mais pour moi le chômage n’est que la paresse. Tu comprends, les blancs disent qu’il n’y a pas de sot métier mais des sottes gens.” [Lien vers la transcription de l’interview]
Le secteur agro-pastorale est à la fois présentée comme une des principales solutions face au défi de l’emploi au Mali et partout au sahel mais qui ne parvient plus à ‘attirer’ les jeunes qui sont préoccupées à l’urbain, et aux travaux de fonctionnaires, ou bien dans les ONG.
Issa abordé dans le même sens : “Pour moi le chômage est un manque de travail permettant de subvenir à ses besoins. Il y a chômage lorsqu’il y a beaucoup de jeunes en ville qui n’ont pas de travail pouvant les permettre de subvenir à leurs besoins et à celui de leurs familles.” [Lien vers la transcription de l’interview]
Comment est le taux de chômage dans votre localité?
Les problèmes liés à l’emploi des jeunes continuent de croître et, prévisiblement, les résultats de notre étude montrent qu’il y a définitivement un chômage parmi les jeunes. C’est ainsi qu’à la question portant sur la perception enquêtés sur le taux de chômage, les 71.9% des personnes interrogées disent que le taux de chômage est élevé parce qu’ils sont touchés ou connaissent des gens qui sont touchés par ce phénomène. C’est en ce sens qu’un jeune (A.D), diplômé en chômage depuis 2012 disait qu’il n’est pas le seul en chômage. Il confirme avoir plusieurs promotionnaires parents et connaissances qui sont dans la même situation. Les 23.9% des personnes interrogées affirment que le taux de chômage est moyen. Les 1.7% des enquêtés affirment que le taux est bas ; ces derniers sont des gens qui ne connaissent pas les réalités du terrain.
Quelles sont les causes du chômage?
Les causes du chômage sont multiples. Selon le graphique ci-dessous issu d’une enquête réalisée par des formateurs en septembre 2020. Selon le graphique ci-dessous issu d’une enquête réalisée par des formateurs en septembre 2020. Entre autres, il y a le manque de financement et le manque d’offres d’emploi. Selon les résultats de l’enquête, les jeunes sont totalement touchés par les conséquences de la mauvaise gouvernance qui impactent leur chance d’accès à l’emploi et par ricochet affaiblit leur capacité de créativité. Cette réalité est établie dans les résultats de ce graphique qui montre que les 52.2% soit plus de la moitié de nos enquêtés pointent du doigt “la mauvaise gouvernance” comme la cause principale du chômage des jeunes dans nos sites d’étude. Cette mauvaise gouvernance sous-entend en partie la corruption et l’injustice dans les recrutements comme exprimé par un répondant (anonyme): “Les recrutements sont faits avant le lancement des offres sur le net(Internet).”
En plus de la mauvaise gouvernance comme cause, il y a le ‘manque de créativités’ chez les jeunes et surtout l’aspect ‘manque de financement.’ Le manque de créativités est souvent lié à l’inadéquation formation et emploi, Le secteur agro-pastorale est à la fois présentée comme une des principales solutions face au défi de l’emploi au Mali et partout au sahel mais qui ne parvient plus à ‘attirer’ les jeunes qui sont préoccupées à l’urbain, et aux travaux de fonctionnaires, ou bien dans les ONG.
Le manque de financement est quand à lui un problème crucial auquel les jeunes font face ; beaucoup de jeunes sont pétris de la volonté d’entreprendre avec des projets auxquels ils croient ; mais pour la mise en oeuvre de ces projets ces jeunes sont confrontés aux manque de financement, à la lourdeur des procédures d’accès au financement qui pour la plupart des cas exigent des garanties dont les jeunes ne dispose pas.
Quelles sont les conséquences du chômage ?
Pour les répondants, les conséquences sont le banditisme puisque le manque de conditions pousse à la radicalité de tous genres. Il y en a de ces jeunes qui ne reculent devant absolument rien pour subvenir à leurs besoins. C’est pourquoi beaucoup de jeunes ont été enrôlés par les groupes armés. Les jeunes aussi indiquent la pauvreté comme conséquence. Selon eux, le chômage conduit à la pauvreté surtout dans les zones de conflits. Les jeunes répondants pointent aussi du doigt l’exode rural comme la résultante du chômage. “Quand il y’a le chômage, la première conséquence sur la population est la pauvreté, nous savons tous qu’aujourd’hui la pauvreté touche les jeunes, chacun s’apitoie sur son sort, personne ne peut subvenir à ses besoins, c’est le manque de travail amène cette situation,” selon Issa. [Lien vers la transcription de l’interview]
En somme, le chômage au Mali en général et plus particulièrement dans certaines localités est vu comme un grand facteur de banditismes, l’exode rural et conflit inter et intra-communautaires. Pour venir à bout du chômage, selon les répondants, il faut mettre l’accent sur la bonne gouvernance locale et motiver le recrutement des jeunes locaux (compétences locales).
De par ces résultats, nous pouvons conclure que le taux de chômage n’est pas seulement réellement très élevé, mais elle l’est aussi dans la perception de nos répondants. Pour remédier à ce phénomène, des propositions sont faites comme la bonne gouvernance, le développement et promotion du secteur privé avec les appuis à l’entreprenariat des jeunes. La réduction du chômage pourrait résulter dans la réduction de la pauvreté, du banditisme et de l’exode, espèrent nos répondeurs.