Cette première édition de Vuga Festival aura changé l’image du slam avec le nouveau concept de Street slam. L’idée derrière est, comme le précise Prince Charmant Iradukunda le président du Festival, « faire que le slam aille à la rencontre des gens. » Les lieux des flashes mobs ne sont pas choisis par hasard. Géographiquement d’abord en prenant Kamenge, Kanyosha et le centre ville, c’est presque couvrir tout Bujumbura du nord au sud en passant par le centre. Culturellement aussi! Kamenge est depuis quelques années un vivier du slam avec des groupes actifs comme Yetu slam et d’autres du Centre Jeunes Kamenge qui réunissent des jeunes des quartiers du nord de Bujumbura. Kanyosha est le roi des quartiers du sud de Buja. Les grands artistes des musiques urbaines, y ont élu domicile. Normal que le slam ne soit pas resté en laisse. Le centre ville, joue le rôle du melting pot qui réunit les artistes venant des horizons différents.
Partout, les gens qui ne savaient pas avant le slam ont été conquis par ces jeunes qui scandent les mots ave brio. Les street slam ont également contribué dans la déconstruction de l’idée reçue selon laquelle le slam est un art réservé au patio de l’Institut Français. « C’est clair que je ne raterai plus aucune scène slam. Avant j’attendais des gens parler du slam, je pensais que c’est une chose relative avec l’Islam, » a déclaré un jeune homme de Kanyosha.
Le slam comme lien qui unit les peuples et les cultures
La région des Grands Lacs est souvent le terrain de sinistres. Entre les pays qui la composent des diatribes souvent fusent de partout. Le Rwanda et le Burundi qui entretiennent une relation diplomatique houleuse. Le Burundi clame que son voisin du nord est la terre abrite des rebelles putschistes et un pourrissement des relations s’en suit. La RDC est vue comme le terreau des groupes rebelles qui attaquent le Burundi mais aussi massacrent les populations congolaises et violent des filles et des femmes. Le Congo accuse souvent le Rwanda de piller ses ressources minières tandis que ce dernier accuse à son tour à son voisin d’abriter des génocidaires qu’il ne veut pas rendre à la justice. Bref, l’ambiance est électrique dans la région.
Le temps d’une scène slam, on a su aller au delà de ces querelles politiciennes. La soirée Grands Lacs a démontré à quel point le slam peut être un pont qui relie les peuples. « Finir avec le temps des Rwandais dits hypocrites, les Burundais tribalistes et les Congolais escrocs, » a lâché Serge Le Griot. Alidor, un slameur-rappeur congolais lui a fait voyager le public avec ses mots dans sa ville natale. Grace à ses vers, une échappée belle a eu lieu dans Bukavu qu’il a brossé avec maestria qu’on se croyait en pleine rue de cette ville.
Les cultures se sont rencontrées et la fusion était des plus admirables. Sur les airs de la rumba congolaise, on a slamé. En kirundi, sur fond des tambours traditionnels, on a slamé. En malagasy, une langue que personne-ou presque- ne comprenait dans le public Caylah a enflammé la scène. Loin des différences, le slam a su unir des peuples!