Auteurs : Deuh’b Zyzou avec contributions de Mirjam de Bruijn et Laurens Nijzink
L’association des blogueurs du Tchad avec la fondation Voice4Thought (Pays-Bas) en collaboration ont initié un projet dénommé « Tchadoblog : Raconter le Tchad autrement – Créer le « bon buzz » destiné à promouvoir le blogging et ses bonnes pratiques au pays de Toumaï.
C’est dans un contexte particulier, secouer par une crise politique et sociale dans la capitale tchadienne que les travaux de l’atelier sur le blogging ont débuté ce lundi 24 octobre 2022 dans l’après-midi dans les locaux de l’incubateur innovant Wenaklabs sis au quartier El-Nimery. C’est sous la forme d’une conversation ouverte que les échanges ont commencé avec l’équipe de Voice4Thought (V4T) sur place à N’Djamena pour l’occasion, il s’agit de la Directrice Pr Mirjam de Bruijn et du journaliste Laurens Nijzink. Ces échanges ont permis aux participants de réfléchir sur leur rôle en tant que blogueur dans un environnement (socialement, politiquement et culturellement) sérieusement polarisé avec son histoire particulière. Des questions sur la motivation des jeunes à devenir blogueurs ont étés posées et répondus par ces derniers. Ceux qui ont déjà commencé à bloguer également dans la salle ont partagé leur expérience. Il est évident de ces réponses que les blogueurs ont ‘soif’ de faire parties de changer le récit autour du Tchad et pouvoir changer la manière dont les Réseaux sociaux sont utilisé ! Il est temps de dépolariser les discussions !
La particularité des formations de Voice4Thought repose nécessairement sur la méthodologie de recherches. Ces recherches surtout d’ordre qualitatif permettent aux apprenants d’appréhender la notion de base du travail d’un journaliste de proximité que l’on peut définir comme chercheur. Ce sujet a alimenté en grande partie les échanges du premier jour de l’atelier de blogging.
Les discussions ont abouti à définir l’écologie de média au Tchad. L’espace médiatique consiste des Journaux, TV et Radio nationales qui sont dominé par les nouvelles du gouvernements et leurs actions. Les médias privés donnent d’autre information, mais il manque presque toujours la discussion et débat. Les Réseaux sociaux (RS) ont pris cette fonction, à part de leur rôle de donner l’information. Pour les tchadiens les RS sont devenu leurs espace d’information, et ils prennent toute information comme viable. De là, notre discussion a abouti à définir le problème de fake news, désinformation et mésinformation. Une des rôles que les blogueurs voient est de transformer ces RS en un vrai voie d’information viable. Dont notre titre : ‘Raconter le Tchad autrement’.
L’atelier a également présenté de nouvelles méthodes pour structurer les recherches et produire des histoires qui ne polarisent pas. L’apprentissage par la pratique était le principe pédagogique pendant ces cinq jours. Les participants ont beaucoup discuté entre eux et sont allés deux fois “dans la rue” pour faire des reportages et des recherches. Par exemple : pour raconter des histoires dépolarisantes, il faut avant tout écouter. Comprendre l’autre, c’est la base pour aller au-delà de ses propres références, voire de ses préjugés. Nous avons introduit une technique d’entretien, appelée Looping, qui facilite l’écoute et permet de vérifier si vous avez bien compris la réponse à votre question. En outre, cette méthode permet de creuser un peu plus en profondeur pendant l’entretien.
Un autre aspect qui a été examiné était que pour réaliser des histoires qui ne polarisent pas, il faut rechercher la complexité. Si on fait un zoom, beaucoup de choses apparaissent plus complexes qu’à première vue. Vous verrez que les personnes et les événements ne correspondent pas à des dichotomies simples comme “bon – mauvais”, “nord – sud”, “arabophone – francophone”, “chrétien – musulman”, etc. Les histoires dépolarisantes amplifient ces exceptions.
Pendant les trois derniers jours, les participants ont travaillé sur un article utilisant les nouvelles techniques, qui a été présenté le cinquième jour. Les présentations ont joliment montré comment chaque personne a intégré la nouvelle façon de travailler dans son article, à sa manière.
Dans l’ensemble, l’atelier a été un début prometteur pour l’association de blogueurs nouvellement créée et pour une coopération à long terme entre les blogueurs du Tchad et Voice4Thought.
Dans les mois à venir, les blogueurs recevront un soutien à distance, en ligne, pour produire des récits captivants qui dépolarisent. Parce qu’il y a un grand besoin de cela en ces temps difficiles.