Venant de Bamako, nous étions considérés comme de potentiels porteurs du virus à défaut de l’être. La capitale malienne est l’épicentre de la maladie à coronavirus dans le pays.
Nous, ce sont des membres de l’équipe de Voice4Thought Academie. Nous formons les jeunes à la recherche dans leurs régions d’origine afin d’approfondir leur connaissance de leur propre pays et de mieux développer leur voix pour être entendues dans le processus de changement.
Aucun jour ne passe sans que les différents medias à travers le monde ne fassent le décompte macabre des victimes de la pandémie du coronavirus. Tout ou presque dans ce virus est sujet à controverses. Son origine fait l’objet de houleux échanges entre les Etats-Unis d’Amérique et la Chine ;la manière dont le virus se propage, comment à prévenir la contamination. Mais, finalement, il s’agit d’un virus mortel dont la négligence ou des erreurs d’appréciation auraient facilité la propagation avec des conséquences que l’on sait fâcheuses.
Au Mali, les populations suivaient avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la maladie dans les pays touchés vu l’importance de la diaspora malienne dans des pays très touchés comme la Chine, l’Espagne, la France ou encore les USA. Sur les réseaux sociaux, les maliens de la diaspora renseignaient au quotidien leurs proches sur leur situation. Certains tentaient de calmer les esprits des uns et des autres pendant que d’autres étaient à la limite très alarmistes. En général, ils donnaient des informations sur la gravité de la maladie, les conditions de transmission du virus, les mesures barrières et encore les conséquences du confinement sur leurs activités. Ce dernier point est important car vu que la diaspora nourrit beaucoup de familles dans ce pays. Si les migrants ne sont plus actifs, c’est que l’argent cessera à la longue d’être envoyé. Les maliens de la diaspora enfin demandaient des bénédictions aux auditeurs. Les communes couvertes par le projet Voice4Thought ne faisaient exception à la règle. Car avec nos différents passages dans les sites, les débats sur la COVID 19 étaient au début et à la fin de toutes les interviews.
C’est dans la nuit du 24 au 25 mars 2020 que le Mali à la suite de beaucoup de pays africains a annoncé des cas importés de maladie à coronavirus. Un homme et une femme venus tous les deux de la France se sont révélés être infectés. Auparavant, l’Etat avait par précaution pris le soin de fermer les écoles, les hôtels, les espaces de loisirs et instauré un couvre-feu nocturne de 21h à 5h du matin. Nonobstant les différentes annonces et déclarations évoquant des morts, des avions cloués au sol, de l’arrêt presque de l’économie mondiale, les interprétations autour de la COVID 19 allaient bon train. Des avis contradictoires circulent tout azimut dans les réseaux sociaux parfois même sur les écrans de télévision pour défendre ou nier la véracité de l’existence même de la pandémie pendant que le monde entier s’alarme pour ne pas dire s’embrase à cause d’un microbe invisible à l’œil nu mais qui coupe le sommeil à plus d’un par les dégâts qu’il inflige à l’humanité toute entière.
Aucun pays, aucune race, aucune civilisation n’est officiellement épargnée. Même l’Afrique dont le climat et la noirceur de la peau de ses habitants étaient vantés comme pouvant résister à ladite pandémie n’a pas échappé. Mais tout cela n’a pas permis de calmer les ardeurs au Mali comme en Afrique et ailleurs des partisans de la théorie du complot et des ultra-sceptiques. Ces derniers dont les avis sont en déphasage avec ceux des malades, des soignants, de ceux qui ont perdu des proches sans oublier tous ceux qui se sont retrouvés dans le chômage de par le monde à cause de cette pandémie « venue chez nous par je ne sais comment », dit un interlocuteur de Macina, continuent malgré tout d’opiner.
Ceci dit, le coronavirus est là et à nos trousses, que devons-nous faire ?