L’artiste Mawndoé assis avec des enfants lors de son projet “au nom de l’art”. © Mawndoé
Après une semaine mouvementée et de toutes les colères au Tchad suite au décret instauré par le gouvernement pour limiter la propagation du coronavirus en prenant des mesures strictes, les tchadiens sont montés en créneau. Mais contre toute attente, ce jeudi 7 janvier 2021 le gouvernement a prorogé ce fameux décret. La colère dans le milieu culturel n’a pas cessé de faire échos.
Ayant connu une légère modification, le décret portant sur les mesures de protection contre le Covid-19 signé ce 7 janvier sur le fond reste le même. Une semaine après le premier décret sur les mesures contre le Covid-19 fortement contesté par les tchadiens de manière générale et les artistes particulièrement. Selon leur opinion, ces mesures sont antisociales, le gouvernement tchadien n’entend pas abdiquer. Les N’Djamenois ont encore une semaine de plus pour s’adapter à ce nouveau mode de vie de restriction. La colère quant à elle reste la même.
L’artiste Mawndoé Célestin lance un appel vibrant au Président du Tchad, le Maréchal Idriss Deby dans la matinée du 8 janvier à travers sa page facebook afin de trouver des mesures atténuantes pour les tchadiens :
« Cher Maréchal,
Qui suis-je pour vous écrire? Juste un citoyen qui n’en peu des mesures suite au Covid-19. Ne croyez pas à certains de vos collaborateurs qui vous disent qu’ils maîtrisent la situation car ils maîtrisent pas grand-chose et ça se voit dans la communication. Quand aux corps kakis (militaires, policiers), nous on sait et eux aussi savent que ce n’est pas pour notre sécurité qu’ils sont en ville… J’ai passé une année au Tchad à mettre un projet dénommé « Au nom de l’art » sur pied pour ramener les enfants à l’art et développer la poterie avec les femmes de Gaoui sans le soutien financier de l’état mais je le fais parce que je crois au Tchad du possible.
Aujourd’hui comme beaucoup, je risque d’être bloqué dehors (Abidjan) alors que nous sommes partis pour 5 ans pour asseoir un vrai projet de développement artistique, touristique et économique. Certes le mal est réel mais revoyez les méthodes car on protège pas le peuple en le condamnant à la faim ni en le privant de liberté. Revêtez votre tenue de bol, venez sur le terrain et ensemble on fera le combat de Bohoma contre le Corona.
Mawndoé ».
Il faut rappeler que Mawndoé Célestin est l’un des ténors de la musique tchadienne résidant en Côte d’Ivoire mais qui développe plusieurs projets artistiques dans son Tchad natal. Dans le même sens de revendication au côté des acteurs de la musique, les jeunes rappeurs Djaz B et N2A ont lancé une chanson « Mouton », faisant allusion à la sortie peu glorieuse du Secrétaire d’Etat à la santé qualifiant des tchadiens de « Moutons » pour n’avoir pas compris le décret mettant la ville de N’Djamena en quarantaine.
Quelques jours plus tôt, c’est le rappeur Viceral Iss qui s’indigne contre le couvre feu qui selon lui s’en est de trop en demandant simplement la levée de couvre feu. Plusieurs voix se sont levées au Tchad pour demander au gouvernement des mesures atténuantes. Si le milieu culturel tchadien est fortement affecté par cette crise sanitaire depuis le début, les artistes sont mobilisés chacun à sa façon pour porter la voix du peuple tchadien.
Informaticien de formation à HEC TCHAD, il a été infographiste puis chargé de l’édition aux Editions Sao (une maison d’édition de livre) pendant 5 ans (jusqu’à 2015). Activiste bloggeur. Jeune ambassadeur de UNFPA Chad. Membre à Youth Council (US Embassy Chad). Chargé des affaires culturelles à l’association Tchad Plus, qui l’ont conduit à effectuer quelques voyages en Tunisie, en Indonésie, au Sénégal. Très touché par les questions liées aux droits humains, il a tout laissé pour se consacrer aux études de droit en 2015 (faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de N’djamena).