Coronavirus / Kinshasa : La police, le masque et la mort

Après l’annulation de décision sur le confinement total de la ville de Kinshasa, seule la commune de la Gombe a été confinée depuis le 06 avril. Une deuxième proposition proviendra du gouverneur de la Ville province de Kinshasa, Gentily Ngobila Mbaka pour confiner les communes de Kintambo et Limete, suivi d’un couvre – feu de 20h à 5h00’, sur proposition de l’équipe de riposte covid-19. Mais, la démarche du gouverneur n’a pas été soutenue par le gouvernement central. Qui suivre entre l’équipe de riposte et le gouvernement central ?

Pendant ce temps, le gouverneur multiplie les stratégies, notamment avec le port obligatoire de masque dans les lieux publics de Kinshasa, à partir du mercredi 22 avril. Les contrevenants payeront une amende de 5.000 FC (soit € 2,50). La police est appelé à faire respecter la mesure. La population s’inquiète connaissant les bavures des éléments de la police. « Avec cette décision des masques, le gouverneur de la ville vient de créer un nouveau conflit entre la police et la population. Une police moins professionnelle qui profitera certainement de cette occasion pour extorquer la population » souligne un kinois.

De l’inquiétude à l’opportunité d’affaires. En pharmacie, les masques se vendent entre 1500 FC (€ 0,80) et 5000 FC. Difficile d’en procurer car, tout le monde n’a pas la même possibilité. Les couturiers en profitent pour fabriquer et vendre des masques en coton, nylon, soie… à 500 FC (€ 0,25) et 1000 FC. Chacun le fabrique à sa manière et le vend sans emballage dans les rues poussiéreuses de Kinshasa. A la place victoire, les badauds arrachent des masques sur les visages des gens pour les revendre.

A Masina, une commune chaude de la ville surnommée Chine populaire, une bonne partie de la population ne croit toujours pas à cette pandémie de Covid – 19. C’est là que la police signe sa première bavure. Il est mercredi, 22 avril, 09 heures du matin lorsque la police interpelle pour non port de masque, un jeune garçon posté devant leur parcelle, sis luasa n°2, au quartier Mafuta Kizola. Après avoir échoué de faire payer 5000 Francs congolais à ce jeune homme, ce policier finira par tenter d’appliquer la force pour l’amener de force au poste de la police. Sans succès ! De sitôt, la population intervient et s’interpose. Une incompréhension fut créée. C’est alors que ce policier ouvrira le feu et tire à bout portant et tue un jeune qui s’opposait au départ de son ami. Le policier a été maitrisé par ses collègues et acheminé au poste de la police. « Le policer lui-même n’avait pas porté de masque » témoigne une femme que nous avons trouvée sur le lieu de crime.

Comment peut-on tuer une personne pour le non – port de masque ? Cette énième bavure remet en cause les critères d’enrôlement dans la police. La circulation avec des armes de guerre par les policiers à Kinshasa créent souvent des bavures. La police doit collaborer avec la population pour lutter contre cette pandémie.

Il appartient à l’autorité publique de renforcer les mesures face à l’entêtement des populations et des bavures des agents de l’ordre en mission de faire respecter les décisions de la hiérarchie. Avec la recrudescence de cas des maladies et de la propagation rapide de cette pandémie du COVID-19, Kinshasa risque de sombrer dans une catastrophe qui ne dit pas son nom, si l’on n’y veille pas.

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