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En raison du sujet sensible, l’auteur de cet article est anonyme. L’auteur nous est connu.
En 2008, il faisait bon vivre chez moi. Les jeunes étaient ambitieux pour le développement de ma localité. Les autorités faisaient tout ce qui était en leurs pouvoirs pour attirer le maximum d’organisation Nationales et internationales à Diafarabé.[1] La réussite était au rendez-vous. La jeunesse ne parlait que de projet innovant pour le présent et le futur de Diafarabé. Nous, jeunes, étions ambitieux et ambitionnions un avenir meilleur pour ce village de métissage ethnique.
Aujourd’hui la situation n’est plus ainsi. Depuis l’occupation d’une partie du Mali par les Djihadistes, toutes nos mœurs et coutumes, y compris nos festivités, acceptées par les plus grands connaisseurs de l’islam sont aujourd’hui interdites par ces soi-disant hommes de Dieu.
Comme le festival Yaaral, ce festival Peulh marque le retour des bergers et leurs troupeaux de la transhumance vers les régions de Douentza, Bankass entre autres, après 5 à 6 mois d’absence, loin des parents et amis.[2] A leurs retours et durant le séjour, des festivités sont organisées à leurs honneurs car ils sont considérés comme des personnes des ayant affronté la faim, la soif et les longues marches, sans oublier les dangers de la brousse. Chaque année cette fête traditionnelle Peulhe se a lieu un samedi, date choisie par Sékou Amadou Barry (le Roi Peulh du Macina dont le royaume se situait à Hamdallaye). Sékou Amadou Barry était le plus grand marabout et connaisseur du saint Coran de toute l’Afrique de l’ouest. Ce festival Yaaral rassemblait aussi bien des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur que des étrangers Africains, Européens, Américains et Asiatiques. Mais aujourd’hui,le festival se meurt à l’ombre de l’insécurité et la pression monstre exercée sur cette population. Si j’ai dit que le festival se meurt c’est parce que c’est un festival qui a toujours eu lieu chaque année depuis 1818 jusqu’à 2012, année où les djihadistes ont pris le contrôle de toute la région de Mopti et de ma commune.
Chaque année, le Yaaral faisait rentrer dans les caisses de notre commune des millions de FCFA à travers les touristes et les différentes personnalités de par le monde qui venaient à Diafarabé séjourner pendant une semaine. Avec la mort du Yaaral nous perdons non pas seulement les opportunités économiques, mais aussi et surtout notre identité. Qui parle du Yaaral parle de Peulh et ses animaux.
La mort du yaaral est synonyme avec le constat d’une désolation totale. Ceux qui étaient venus au nom de l’islam, certains parmi eux sont devenus les plus grands voleurs de bétails Peulh, les chasseurs traditionnelles soutenus et entretenu par l’État Malien tuent et pillent les Peulhs sans la moindre hésitation et l’armée qui censée être impartiale dans sa lutte est aveuglé par l’amalgame envers la population Peulh qu’ils Massacrent en longueur de journée. Pour ne pas perdre sa vie, certains Peulhs ont quitté le village de Diafarabé avec leurs familles et animaux et ceux qui n’ont nul par où aller sont restés atteindre la mort programmée venir les prendre soit par les Djihadistes, par les Donsos ou par l’armée.
Si rien n’est fait et rapidement pour protéger la population de Diafarabé et surtout les Peulhs, le Yaaral qui est classé une patrimoine immatériel mondial par l’UNESCO finira par ne plus exister.[3]
Nous interpellons toutes les personnes, acteurs, et organisations Nationales et internationales de bonne volonté de venir en aide à Diafarabé.
[1] Diafarabé est une commune du Mali, dans le cercle de Ténenkou et la région de Mopti. Chaque année, s’y produit le Yaaral qui ouvre l’Espace culturel du yaaral et du degal, série de festivités Peulhs qui entourent les traversées du Fleuve Niger par les troupeaux de retour de transhumance dans le delta central du Niger.
[2] Video L’Espace culturel du Yaaral – Degal : http://www.unesco.org/archives/multimedia/document-3739
[3] https://ich.unesco.org/en/RL/cultural-space-of-the-yaaral-and-degal-00132