Lors du Sommet de l’Otan tenu ce mercredi 3 décembre 2019 en Grande Bretagne, le Président français Emmanuel Macron a annoncé la rencontre prochaine (16 décembre) à Pau (France) avec les dirigeants de G5 Sahel (Niger, Mauritanie, Mali, Burkina Faso et Tchad) afin de clarifier les choses face aux mouvements antifrançais qui se multiplient dans cette partie du continent.
Les pays du Sahel font face à une recrudescence des attaques terroristes hors normes ces dernières années. L’un des principaux partenaires militaires de la lutte contre les djihadistes dans le Sahel reste inéluctablement la France. Présente avec des bases militaires sur le continent africain, c’est aux côtés des autres partenaires que la France opère ses actions. La mort des treize militaires de l’armée française en fin novembre a créé un émoi tant en France qu’en Afrique. Des voix s’élèvent de plus en plus contre la présence de l’armée française sur le continent africain. Certaines accusent clairement la France d’être complice, d’être derrière les terroristes. Le président Français ne comprend pas pourquoi les africains perçoivent la présence de ses troupes comme une sorte d’occupation néo-colonialiste. « Nous devons, à très court terme, re-clarifier le cadre et les conditions politiques de notre intervention au Sahel. Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l’ambiguïté à l’égard des mouvements antifrançais, » déclare Emmanuel Macron.
Des mouvements antifrançais s’il faut le rappeler se font de manière plus intense depuis quelques semaines par des voix, non les moindre. « Tu passes ton temps à te soumettre au petit Macron, c’est un gamin. Tu n’es pas au courant que c’est la France qui finance nos ennemis contre nos enfants ? » disait le célèbre chanteur malien Salif Keita à son président dans une vidéo qui est devenue virale sur internet. Bien avant cette vidéo du chanteur malien, il y’avait eu une autre figure de la lutte pour une indépendance « intégrale » de l’Afrique, Nathalie Yamb, conseillère exécutive du candidat aux présidentielles ivoirienne de 2020 Mamadou Koulibaly qui s’est illustrée par un discours poignant contre la France et ses laquais lors du sommet Russie-Afrique. Sur Twitter Nathalie Yamb est une véritable héroïne d’une Afrique qui se conjugue désormais au féminin avec ses femmes battantes.
Extrait de mon intervention au sommet/forum économique #RussiaAfrica de Sochi, qui a profondément dérangé les officiels et médias françafricains. #PasVuALaRti #StopCfa #MamKoul2020 💛 A voir en intégralité sur ma chaîne YouTube https://t.co/F63Ne3qWc6 pic.twitter.com/uEGeCRa2Cl
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) October 26, 2019
« C’est quand elle monte sur les épaules de l’Afrique que la France est grande. Les choses vont changer. La rupture est en marche. Il est temps que Paris apprenne à marcher sans ses béquilles africaines, et que l’Afrique s’envole, libérée de son fardeau, » lance-t-elle sur son compte Tweeter. Nathalie Yamb, s’il faut le rappeler a été expulsée (d’origine Suisso-camérounaise) de la Côte d’Ivoire la semaine dernière pour son engagement contre la France et la mauvaise gestion de la gouvernance d’Allasane Ouattara. Dans une autre vidéo mise en ligne au lendemain de la déclaration du président Français, Mamadou Koulibaly lance : « Nous ne voulons plus être des marchandises, nous ne voulons plus être sous tutelle de quelqu’un, nous voulons redevenir des hommes libres. »
La question que l’on pose sur la rencontre prochaine en France entre Emmanuel Macron et les dirigeants du G5 Sahel est celle de savoir comment est-ce que ces Chefs d’Etat se prendront-ils face à la France ? La France est-elle vraiment prête à rompre avec ses intérêts dans le Sahel ? Les pays du Sahel ont-ils les moyens financiers et militaires pour lutter à eux seuls contre le terrorisme ? Le président tchadien pourra-t-il sans l’aide de la France tenir encore longtemps au pouvoir ?
Aujourd’hui tout laisse à croire que la France serait en train de payer le prix de son inaction dans les processus de démocratie en Afrique. La France n’a pas (assez) fait d’efforts pour s’impliquer davantage dans la bonne gouvernance dans ses anciennes colonies. Elle soutient clairement les régimes dictatoriaux au lieu de soutenir les peuples d’Afrique. Si rien de clair n’est « redéfinit » en faveur des peuples d’Afrique le 16 décembre prochain, la colère dans le Sahel ne s’arrêtera jamais.
Informaticien de formation à HEC TCHAD, il a été infographiste puis chargé de l’édition aux Editions Sao (une maison d’édition de livre) pendant 5 ans (jusqu’à 2015). Activiste bloggeur. Jeune ambassadeur de UNFPA Chad. Membre à Youth Council (US Embassy Chad). Chargé des affaires culturelles à l’association Tchad Plus, qui l’ont conduit à effectuer quelques voyages en Tunisie, en Indonésie, au Sénégal. Très touché par les questions liées aux droits humains, il a tout laissé pour se consacrer aux études de droit en 2015 (faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de N’djamena).