La nouvelle a fait un tôlé sur les médias sociaux ce Samedi 05 octobre: “Valsero est libre”, “le Général Valsero enfin libre”, “Valsero is free”, etc. Certains n’y ont pas cru, jusqu’à ce qu’une petite vidéo de 30 seconde vienne mettre fin à leur doute.
Lundi 30 septembre, date de départ pour le dialogue national initié par le Président camerounais Paul Biya, l’objectif premier de cette rencontre qui devrait réunir tous les fils du Cameroun est de trouver une solution à la crise anglophone avec le palais d’Etoudi. Cette crise s’il faut le rappeler a occasionné de nombreuses pertes en vie humaines. Dans la foulée, le Président Biya avait gracié plusieurs prisonniers séparatistes anglophones et par ricochet l’opposant Maurice Kamto, Valsero et quelques cadres de RMC arrêtés pour avoir manifester contre la réélection du Président Biya en 2018.
“J’ai décidé de l’arrêt des poursuites judiciaires contre certains responsables et militants de partis politiques, notamment du MRC, arrêtés et détenus pour des faits commis dans le cadre de la contestation des résultats de la récente élection présidentielle”, a lancé le Président Biya. Huit mois après l’incarcération de Kamto, Valsero et les autres, la pression a été grande, tant sur le plan nationale, africaine et internationale.
Il est vrai qu’au niveau national, Valsero a eu un soutien considérable de certains de ses compatriotes, le soutien de ses fans dans le milieu musical mais son arrestation au côté de l’homme politique, candidat malheureux à la dernière élection en la personne de Maurice Kamto crée de controverses, que ce soit dans le milieu musical autant de la société civile. Certains reprochent à l’artiste le fait de s’impliquer dans la politique, pour eux, “Valsero n’est pas arrêté pour son engagement musical mais politique”, cet argument traverse d’ailleurs les frontières. Ceci a poussé de nombreux “frères” de lutte a lui tourné le dos. Lui qui fut l’une des voix de contestations les plus farouches du régime de Paul Biya.
On est le seul continent où l’expression “je ne fais pas de politique” existe encore. Il n’y a qu’en Afrique où les gens se sont divisés en disant “eux ils font de la politique c’est des politiciens et nous on est des Zorro et on menace les politiciens”.
Cette situation confortable fait qu’à un moment, vous avez atteint la date de péremption. Tous les jours, tout ce qu’on mène comme actions sont des actions politiques, des revendications, du contrôle citoyen. On occupe même l’espace public et politique par notre présence. On est même plus présent que les politiques qu’on appelle politiciens. On est dans la presse, à la radio, à la télé, on a des pages YouTube, des pages Facebook, qui font des millions et des millions de vues, on est partout. Pendant que le maire de Yaoundé n’a pas 10 likes sur son truc à lui. On est devenu un problème la famille. Parce que une fois que vous avez occupé cet espace, et que comme vous aimez bien le dire, vous avez sensibilisé le peuple, éduqué le peuple, et mis le peuple au niveau auquel vous pensez qu’il doit être; vous disparaissez comme des lâches au moment où il faut faire de vrais sacrifices,” justifie Valsero quelques mois plutôt avant son arrestation.
Même si la société civile camerounaise est restée dans sa majorité timide, parce que n’ayant non seulement de poids, mais aussi n’ayant pas confiance en la personne du leader du parti RMC, Maurice Kamto qui aurait, selon la société civile camerounaise servi le régime Biya pendant des années. Pour elle, “Maurice Kamto est un “artisan” de la dictature de Biya mise en place”. Ces controverses n’ont pas empêché certains artistes Camerounais, si peu eux aussi de faire des chansons pour soutenir fortement Valsero:
En Afrique et dans le monde, la communauté des activistes des droits de l’homme, des journalistes, des intellectuels, des musiciens, des organisations internationales de défenses des droits de l’homme, des chancelleries accréditées au Cameroun n’ont pas hésité un seul instant d’exiger la libération de celui que l’on appelle le “Général Valsero”. La campagne “Free Valsero” a eu un écho positif auprès du grand public. Plusieurs voix influentes se sont prononcées pour sa libération.
La triste nouvelle reste tout de même que l’un des compagnons de Valsero, Belibi Alain alias Faucon qui était au commissariat le jour de l’arrestation de l’artiste le 26 janvier 2018 a été arrêté sur le champ pour une seul raison: “Proche de Valsero”. Il écope de un an de prison ferme.
Informaticien de formation à HEC TCHAD, il a été infographiste puis chargé de l’édition aux Editions Sao (une maison d’édition de livre) pendant 5 ans (jusqu’à 2015). Activiste bloggeur. Jeune ambassadeur de UNFPA Chad. Membre à Youth Council (US Embassy Chad). Chargé des affaires culturelles à l’association Tchad Plus, qui l’ont conduit à effectuer quelques voyages en Tunisie, en Indonésie, au Sénégal. Très touché par les questions liées aux droits humains, il a tout laissé pour se consacrer aux études de droit en 2015 (faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de N’djamena).