Le Tchad, dans un passé récent a connus de nombreux bouleversements. Théâtre de plusieurs conflits à l’extérieur avec ses pays voisins (notamment avec la Lybie de Kadhafi à l’époque, le Soudan, dans le Darfour et la République Centrafricaine).
A l’intérieur du pays, le Tchad a une culture violente, un régime ethnique. Chrétiens et musulmans se regardent avec mépris…
Notre identité se définie par notre héritage social, familial et cet héritage nous habite. L’homme par essence est un animal doté d’une faculté de réflexion, cette faculté nous permet d’harmoniser notre vie, et notre milieu de vie. Cependant, on se définit, chaque individu, sinon groupe d’individus par notre propre culture, l’ensemble de nos valeurs (mœurs et coutumes), qui ne sont rien d’autres que nos manières de penser, de vivre en communauté ou d’en être exclu. L’héritage social est un trait d’union entre les individus dans un espace donné. Il se transmet de génération en génération.
Le Tchad, jusqu’à un passé récent est un pays en guerre. Et ce qui me déplais le plus c’est qu’un tchadien du nord (généralement musulmans) ne regarde pas celui du sud (généralement chrétiens) avec un « bon » œil, vise versa, suite à la guerre civile de 1979 que nos parents nous ont laissé pour héritage… C’est un héritage le plus douloureux que les jeunes tchadiens portent en eux tous les jours. Nous avons en nous cette haine là, qui nous brûle tous les jours, nous empêchant de vivre ensemble, or condamnés à vivre ensemble, chrétiens et musulmans.
En plus des efforts des cadres religieux, la jeunesse tchadienne s’engage pour le « vivre ensemble ». Des associations se créent, l’une d’elle que je viens d’intégrer est le Groupe de Dialogue Inter-Religieux (GDIR). Un groupe de réflexion et de dialogue entre musulmans et chrétiens. Il est créé le 17 janvier 2003 et reconnu officiellement le 28 décembre 2006 sous le folio 2474 du Ministère de l’intérieur. Le GDIR œuvre en faveur de la paix et de la cohabitation pacifique par la sensibilisation des jeunes des différentes cultures et religions.
Le Groupe de Dialogue Inter-Religieux (GDIR) est un cadre d’expression et d’action des jeunes tchadiens sur les sujets brûlant qui sont entre autre le rejet de l’autre et la lutte contre l’extrémisme religieux. De nombreux jeunes, chrétiens et musulmans s’assoient ensemble, travaillent ensemble, mettant ainsi de côté leur différence religieuse. A travers ces genres d’initiatives, les jeunes chrétiens et musulmans cherchent des voies et moyens pour briser le mur qui les sépare.
Ce samedi 19 décembre 2015, plusieurs jeunes chrétiens et musulmans étaient sortis pour une journée de salubrité dans les locaux de la radio nationale.
– Au cours de ses activités l’année 2015 qui s’achève, 1000 jeunes de différentes cultures et religions sont sensibilisés pour la cohabitation pacifique ;
– Les bénéficiaires ont pris conscience des conséquences de la violence et changent de comportement ;
– 100 jeunes sont dotés des outils et techniques de prévention et de résolution pacifique des conflits et sont prêts à intervenir efficacement en cas de conflit dans leur milieu respectif.
Les activités de GDIR consiste en : des visites mutuelles aux domiciles des membres, des sessions de formation, des conférences débats et des causeries éducatives, les médiations en cas de conflits, les invitations mutuelles lors des grandes fêtes religieuses, les caravanes de paix dans les établissements scolaires…
La philosophie du Groupe de Dialogue Interreligieux permet à l’opinion publique nationale et internationale de découvrir la nécessité des disparités culturelles et confessionnelles sur un même territoire. Si dans le groupe, jeunes de différentes confessions et cultures constatent que ce sont les préjugés qui empêchent le rapprochement entre chrétiens et musulmans ; ils s’acceptent et font fréquemment l’expérience d’une cohabitation pacifique à travers : les réunions à domiciles, les sorties récréatives et camps de formation, c’est que la complémentarité des cultures et leurs considérations s’avèrent indispensables pour le développement sociopolitique et économique du pays. En effet, les tchadiens sommes appelés à vivre ensemble.
La journée de salubrité dans les locaux de la radio nationale de ce 19 décembre se justifie par la nécessité d’offrir aux jeunes une nouvelle forme de sensibilisation fondée sur le dialogue, la non-violence, la PAIX, la fierté d’avoir une culture, d’appartenir à une communauté et une nation.