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Après avoir posté un texte de soutien au rappeur Valsero, j’ai reçu plusieurs messages privés dont la teneur essentielle se résume à : “laisse l’affaire là” “ne mets pas ton nom dedans” “il n’a que ce qu’il mérite” etc.
Wèèèèh mes compatriotes…
Dans ce pays où tant de choses sont interdites, manifester en dehors des clous du parti au pouvoir, s’opposer à un régime qui à force de manger l’argent du Cameroun se prend désormais pour lui, avoir une conscience politique autre que celle des mangeroiristes ou des prétendus opposants est un crime.
Etonnant paradoxe entre l’état de délitement du pays et l’apathie de la population, essentiellement jeune qui y vit. Le camerounais de 2019, jouit de son carré d’herbe où il broute, que ce soit le bureau miteux d’un ministère sans toilettes, ou la cabine brûlante d’une société française pour laquelle il vent du crédit téléphonique.
Le pire c’est que 36 ans de lavage de cerveau ont produit un camerounais qui est convaincu qu’il est la cause de ses problèmes. Oui oui, on célèbre les exceptions dans ce pays, sans s’interroger sur la règle qui fabrique un troupeau de pauvres, de clochards, de manants, de crève la faim qui meurent sur des pistes appelées routes ou dans des hôpitaux mouroirs faute d’assurance, faute de plateau technique… Comment leur en vouloir ? La plupart n’ont jamais rien connu d’autre…
Ceux à qui cet ordre ne plaît pas, qui s’engagent à le changer, à dénoncer, à pointer du doigt sont diabolisés. Surtout s’ils touchent au secteur interdit: la politique. Dans son esprit, le camerounais du Renouveau vit à l’ère du parti unique et ne s’en cache pas. “Il faut laisser le père là finir ce qu’il a commencé. Hein mon frère?”. Phrase ubuesque, mais comment être surpris? “L’école aux écoliers la politique aux politiciens”. Pareil pour les rappeurs, ils n’ont qu’à rapper non? Wè Um Nyobè! Wèèèh Osende Afana! Wèèè Moumié! Tout ça c’était pour en finir là?
Engagez-vous en politique, criez Biya must go au carrefour, vous vous ferez bâtonner, embastiller, insulter, calomnier. Que fera le peuple ? Il troquera sa tunique de souffrance pour une robe de procureur. Au bar, devant une bière française dont le prix augmente sans le faire réagir, il interrogera votre agenda caché, il demandera les docs démontrant l’autorisation de la marche, il discourra sur la différence entre balles réelles et balles à blanc, se transformera en spécialiste des effets spéciaux, rappellera le caractère intangible de la loi, bref, vous clouera au pilori de votre engagement.
Le même camerounais se tait en face de l’arnaque des opérateurs de téléphonie, bêle faiblement devant l’augmentation constante du coût de la vie, ne se sent pas concerné quand on coupe son bois, ne s’émeut pas de la pollution, ricane quand on parle de droit des femmes, rit des pénueries d’eau, d’électricité, est devenu insensible à la corruption, rêve d’aller à Mbeng et s’en remet à Dieu pour tout le reste, semblant vive par procuration dans son pays.
Par ici le patriotisme c’est vanter le eru mordicus, mais ne jamais oser pointer du doigt l’augmentation du prix de la viande qui va dedans. Je n’ai pas besoin de partager les mêmes opinions politiques que Valsero pour lui apporter mon soutien, m’en justifier auprès de quiconque me semble déjà si incroyable.
Mes positions vous énervent, mes textes vous donnent envie de m’insulter? Tant mieux, parce que c’est le but. Ceci ne fait pas de nous des ennemis, “on a beau dormir dans le même lit, on fait des rêves différents”.
En l’occurrence, il est temps de se réveiller, le cauchemar a assez duré.
#FreeValsero
– Florent Ngimbis
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