Conflit sur des terres agricoles au; cas du village Maibombaye

Au Tchad, le conflit sur les surfaces agricoles est un problème qui touche de nombreuses régions. Maïbombaye est un canton qui se place au nord de Doba. Il est limité au nord par le canton Koutou 1, au sud et sud-ouest par le canton Kara, à l’ouest par le canton Mongo et au nord-ouest par le canton Nassian. Le canton Maibombaye se distingue par la gravité des problèmes de terres cultivables, les changements intervenus dans les pratiques culturales avec l’introduction des cultures de rentes, la mécanisation de l’agriculture, les changements climatiques. L’accès à la terre est devenu source de conflit posant des rivalités entre deux groupes (les paysans traditionnelles et les cultivateurs modernes). Dans ce cas, les paysans du canton Maibombaye représenté par le vieux paysan Ngargoto Ngadog ont construit un paysage avec des anciennes cultures sur-brulis partout, avec diverses caractéristiques, on retrouve deux zones d’exploitation : la première zone corresponde aux jardins classiques à savoir : les aubergines, les taros, les melons etc.) ; Enfin la deuxième culture est vouée à une exploitation limitée (le riz, le maïs, et le sorgho).  En effet, Il y’a quelques années au Tchad l’augmentation de la population par le fait de l’accroissement naturel et de l’émigration, et le transfert de l’agriculture moderne, introduisent un changement profond dans le canton Maibombaye. Dans ce canton, deux groupes se disputent sur la question foncière et les nouvelles méthodes adaptables dans l’agriculture moderne.  Ainsi, les paysans traditionnels pratiquent des méthodes de culture sur brulis avec des matériels et d’outils transmis de génération en génération comme (la houe, la bêche qui est utilisée pour retourner le sol, le semoir qui est un instrumentent manuel pour semer les graines, le sac en jute pour stocker et transporter les récoltes, la charrue et les animaux de trait qui aident à labourer et à transporter des charges.) Leurs techniques de culture, consistent à bruler des parcelles de terre pour préparer les sols et la venue de la dame pluie. Lors d’une réunion dans la cour de Ngargoto Ngadog au quartier Bédogo, le vieux paysan vêtu son habit traditionnel en raphia, tenait fièrement sa canne en bois à la main, s’adresse aux jeunes villageois avec passion et parle de l’importance de la culture sur brulis qui est une pratique qui a nourri des générations. Il évoque la jachère, comme un système qui permettait à la terre de se reposer et de se revitaliser, et exhorte par la suite les jeunes à préserver ces méthodes ancestrales avec nostalgie « nos ancêtres savaient ce qu’ils faisaient », dit-il. « Ne vous laisser pas convaincre par des techniques modernes qui menacent notre terre. » Les jeunes, assis en cercle autour de lui, l’écoutent attentivement mais avec des expressions, des gestes visuels et murmures (hum…hum…). Parmi ces jeunes, certains ont dû quitter le village pour leurs études et reviennent avec des idées nouvelles, inspirées par des méthodes agricoles innovantes qu’ils ont découvertes. La discussion s’anime rapidement, mêlant respect pour les traditions et désir de progrès. 

Nangadoum Mbaingar, représentant des académiciens vêtu en ténue soignée qui tenait en main un smartphone affichant des données agricoles, prend la parole avec respect, plaide pour une modernisation de l’agriculture, arguant que les nouvelles méthodes pourraient accroitre la productivité et la durabilité. Il mentionne que « nous ne devons pas balayer nos traditions, mais les combiner avec des approches modernes », déclare-t-il. Son ton monte, pointant du doigt le manque de flexibilité du vieux paysan Ngargoto Ngadog. Il renchérit encore « Rester figé dans le passé ne nous aidera pas à faire face aux défis actuels » a-t-il souligné. Nangadoum Mbaingar de renchérit (représentant des académiciens, cultivateurs modernes) notre objectif est d’augmenter les rendements, répondre à la demande croissante de la nourriture au Tchad en général et en particulier booster la sécurité alimentaire dans le canton Maibombaye. Les cultivateurs modernes soutiennent que des techniques traditionnelles ne peuvent pas nourrir une population en très grand nombre. Pendant cette réunion, les cultivateurs modernes présentent des études de cas où leurs méthodes ont permis d’augmenter les récoltes par trois ou quatre fois. Lors d’une démonstration, Nangadoum presente des champs du coton et du riz de Ouagadougou, en République du Burkina-Faso, vantant les mérites de la rotation des cultures et de l’irrigation contrôlée en terre Burkinabé. Nangadoum Mbaingar essai de plus en plus de convaincre les paysans que les nouvelles méthodes peuvent coexister avec les anciennes, mais la méfiance persiste de deux côtés.

La tension monte dans les deux camps. Alors que d’autres jeunes paysans traditionnels commencent à soutenir Nangadoum dans sa prise de parole. Ils évoquent les risques du changement climatique, la nécessité d’utiliser des technologies modernes pour maximiser les rendements. Le vieux paysans Ngargoto Ngadog, bien que respecté, semble frustré par leur résistance à vouloir imposer la culture étrangère dans ce village. Les discussions deviennent de plus en plus vives, chacun défendant sa position. Le groupe des cultivateurs modernes veulent évoluer, tandis que l’autre camp insiste sur la sagesse des ancêtres. Ce désaccord crée de discussions et un sentiment de méfiance entre ces deux groupes. Ngargoto Ngadog a laissé entendre qu’ils sont souvent ignorés et non respectés par les cadets revenus des études qui se considèrent comme des « connaisseurs ». Ces cadets nous perçoivent comme des résistants au développement agricole dans le canton Maibombaye. Ce manque de compréhension mutuelle contribue à la fracture entre ces deux groupes. La réunion se termine sur une note de désaccord. Cependant, au regard de cette divergence comment peut-on amener ces deux groupes (paysans traditionnels et cultivateurs modernes) à parler le même langage, s’unir et protéger leur ressource naturelle ?  

Plus tard, une deuxième réunion a eu lieu dans la cour cantonale de sa majesté Belém Ngariguem pour rediscuter des pratiques agricoles et de l’avenir du canton Maibombaye. Cette rencontre a rassemblé des jeunes villageois dudit canton, des autres anciens du village de Bédog-nang, Bégoud-bé, Nassian à l’image des sages comme (Ndoha Marie, Mondoumngar Gabriel, Nadjihorbé Pierre, Ngarbarem et Ngarndo Mbatro respectivement âgés de 69 à 86 ans) ; des experts en médiations, ainsi que des médias privés et publics. Lors de cette réunion, les discussions se sont souvent centrées sur la nécessité d’un dialogue entre tradition et modernité. Lors de leurs prises de parole, les cultivateurs modernes ont continué à exprimer leur désir d’incorporer des techniques modernes pour améliorer la productivité. Tandis que les paysans traditionnels insistent encore sur l’importance de préserver les méthodes traditionnelles qui ont fait leurs preuves. Prenant la parole, le chef de canton, sa majesté Belém Ngariguem a appelé les sages, les experts en médiations, ainsi que les médias privés et publics à l’assister dans cette quête de paix, afin de favoriser le développement de son territoire. Il a souligné l’importance de la collaboration entre les différents acteurs pour surmonter les défis agricoles et sociaux, tout en garantissant un avenir prospère pour sa communauté. Au milieu de cette foule venue assister à la réunion, la sage-femme Ndoha hoche la tête et claque des doigts.

 Lorsque la vieille Ndoha prend la parole, elle entonne un ancien chant de son temps, évoquant l’esprit de solidarité qui unissait les filles et fils du village. Dans ce chant, elle rappelle que les parents d’autrefois offraient généreusement des terres aux voisins sans attendre de récompense. Ndoha se positionne en bonne heure comme une médiatrice essentielle. Consciente des dangers que représente ce conflit pour la communauté, elle a mentionné que la division entre les paysans traditionnels et les cultivateurs modernes peut nuire gravement à l’insécurité alimentaire dans tout le canton. Mondoumngar Gabriel, Ngarndoh Mbatro, Ngarbarem et Nadjihorbé Pierre ont insisté sur la nécessité de suspendre cette rencontre et ont proposé, par la suite, l’ouverture d’ateliers dans un bref délai. Cette proposition a été acceptée et acclamée par les intervenants venus de différents villages et horizons. 

Le lendemain, dans le village du sage Mondoumngar Gabriel à Bédokassa, des ateliers des pratiques ont été organisés, rassemblant des sages comme Ndoha, Nadjihorbé Pierre, Ngarbarem et Ngarndo, des experts en agriculture moderne dirigé par Ngarari Ousmane, des praticiens traditionnels sous la conduite du jeune-homme Allasra Olivier et de madame Saratou Marthe, ainsi que des journalistes, représentés par le délégué de la presse privée de la radio Lotiko, monsieur Djimounoum Arnaud, et la déléguée de la presse publique, madame Marie Ngounyom. Cet atélier a abordé plusieurs thèmes, dont le premier thème est axé sur la: « Jeunesse fer de lance pour une coexistence pacifique, actrice du développement de la sécurité alimentaire ». Et le deuxième s’articule sur « L’Evaluation des techniques agricoles traditionnelles et modernes ». Pour les experts, cet atelier est un cadre d’échange pour relever des défis qui mines le bon décollage du canton Maibombaye. Ces initiatives nous permettrons de favoriser une meilleure compréhension et d’encourager la collaboration mutuelle entre les paysans et les cultivateurs modernes. Lors de cette réunion, plusieurs techniques modernes ont été discutées par les jeunes villageois pour améliorer l’agriculture. L’atmosphère était chargée d’anticipation, chacun espérant trouver un terrain d’entente.

Les sages partagent leur savoir-faire sur les méthodes traditionnelles. Ndoha explique que la culture sur brulis avait nourri leurs ancêtres. Ngarndo renchérit que la jachère a permis à la nature de se régénérer. Tandis que, Mondoumngar mentionne que la paix sociale est un gage de l’unité et du développement d’une communauté. Nadjihorbé Pierre et Ngarbarem illustrent le vivre ensemble des paysans traditionnels et des cultivateurs modernes en ces termes : « quand le sage et l’innovateur unissent leurs forces, la terre prospère et le village fleurit ». Par contre, les journalistes et experts mentionnent que cette collaboration entre paysans traditionnels et cultivateurs modernes est essentielle pour l’avenir de notre agriculture. En alliant sagesse ancestrale et innovations contemporaines, nous pouvons créer des solutions durables qui respectent notre héritage tout en répondant aux défis actuels. Ngarari Ousmane et Allasra Olivier ont expliqué les bienfaits des méthodes traditionnelles et modernes pour l’amélioration de l’agriculture et le rendement tout en respectant l’environnement de leurs succès, mais aussi des défis qu’ils rencontraient. Comme l’utilisation des technologies à savoir (les tracteurs pour le labourage, le semis et le transport ; Le pulvérisateur pour appliquer des pesticides et des engrais de manière uniforme ; De moissonneuses-batteuses pour récolter les cultures rapidement et efficacement ; De l’irrigation goutte à goutte pour un arrosage précis et économe en eau ; De drones agricoles pour surveiller les cultures et collecter des données etc.) Les paysans traditionnels et cultivateurs modernes au début étaient sceptiques l’un envers l’autre.  Commençaient à se repositionner pour suivre avec beaucoup d’intérêt la formation. 

Au fur et à mesure des échanges, les tensions initiales commençaient à se calmer. Les participants réalisaient qu’ils avaient des objectifs communs : nourrir leurs familles et protéger leur terre. Les journalistes, témoins de cette transformation, prenaient des notes prêtes à partager cette histoire d’unité. 

Finalement le vieux paysan Ngargoto Ngadog et Nangadoum Mbaingar très émus, proposent de combiner les pratiques traditionnelles et modernes ensemble. Les deux groupes décidèrent de travailler sur des projets pilotes, unissant leurs forces pour développer l’agriculture dans le canton Maibombaye. Sa majesté le chef du canton Maibombaye et les sages, valident cette approche pour l’unité et le bon vivre ensemble. 

DU CONFLIT VERS L’APAISEMENT

Le conflit des surfaces agricoles à Maïbombaye représente une polarisation marquée entre deux groupes les paysans traditionnels et les cultivateurs modernes. Les préjugés enracinés et la méfiance ont souvent conduit à des affrontements verbaux, rendant la coexistence difficile. Les paysans traditionnels et les nouveaux arrivants, au lieu de se voir comme des partenaires potentiels, se considèrent comme des adversaires irréconciliables. Cependant, l’intervention des sages a permis de jeter une nouvelle base de paix dans ce canton. Des experts et journalistes offrent un exemple inspirant de dépolarisation. Grâce à leurs approches pacifiques et inclusives, ils ont pu créer un espace de dialogue. Ce processus montre que, même dans des situations de conflit intense, il est possible d’initier un changement positif à travers le dialogue et la compréhension mutuelle. À l’issue de cette concertation, les sages et les jeunes du canton Maibombaye ont proposé en commun accord de créer une association dénommée Al-nodji « sépulcre de l’harmonie, terre de désolation », qui va maintenant rassembler toutes les filles et fils du canton et ceux de l’extérieurs afin de pouvoir encourager davantage la communication, renforcer la justice sociale, encourager la coopération communautaire et soutenir le développement économique dans le canton Maibombaye et ses alentours. Cet atelier marque un tournant décisif. Les anciens et les jeunes autrefois perçus comme des ennemis, se regardent désormais comme des alliés. Les médias ont joué un rôle important dans la relance de la réconciliation entre les paysans traditionnel et les cultivateurs modernes dans cette assise prônée par les sages à l’image de Mondoumngar Gabriel, Ndoha Marie, Nadjihorbé Pierre, Ngarbarem et Ngarndo Mbatro. Ces journalistes ont diffusé des émissions en direct, des interviews, des articles de fond. Cette réconciliation a inspirée d’autres villages à envisager des initiatives similaires.

En définitive, le conflit de gestion sur les surfaces agricoles à Maïbombaye illustre les défis auxquels sont confrontées de nombreuses communautés au Tchad. Toutefois, l’exemple de Ndoha et sa suite démontre qu’avec la sagesse et la volonté, il est possible de surmonter les divisions et de construire une coexistence pacifique. En favorisant le dialogue et la collaboration.  Les communautés peuvent non seulement résoudre leurs différends, mais aussi renforcer leur résilience face aux défis futurs. Le chemin vers la paix est long, mais chaque pas vers la compréhension mutuelle est un pas dans la bonne direction.

Note: Ce podcast est le résultat d’un atelier et peut être la première réalisation d’une personne, il peut donc contenir des imperfections

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