Suite à l’interdiction du film « Nous, étudiants ! » de Rafiki Fariala l’art est en danger en Centrafrique.
On est estomaqué et profondément bouleversé voyant la posture silencieuse des artistes centrafricains sans exception aucune suite à l’interdiction de la diffusion du ledit film.
« Nous, étudiants ! », un film qui dépeint sans détour les réalités de la vie que mènent les étudiants sur le campus de Bangui s’est vu interdire de diffusion en Centrafrique par les autorités. Quelle explication logique donnée à cette interdiction ? Le contenu de ce film incite à la haine selon les autorités Centrafricaines. Madame la ministre des arts et de la culture a laissé entendre sur les ondes de la radio Ndeke-Luka, une station de radio Centrafricaine que Rafiki Fariala, le réalisateur de ce film aurait dû l’a consulté ainsi que son équipe technique pour toute analyse avant la réalisation de son film.
Cela nous laisse perplexe et nous amène également à se questionner. L’art n’est-il plus considéré comme une œuvre de l’esprit, émanant de la créativité pour être soumis à une analyse autre que celle de son inventeur ? Dénoncer artistiquement les maux qui minent toute une jeunesse devient synonyme d’incitation à la haine ? Ou encore, en interdisant la diffusion de ce film, nos autorités ne démontrent ils pas leur volonté de nous maintenir dans l’ignorance, la précarité et la violence ?
Si nos autorités actuelles pensent que les réalités qui sont décrites dans ce film cherchent à discréditer le pouvoir actuel, ils ont complètement tort selon notre analyse des faits. Puisque ces réalités datent d’il y a longtemps. Donc, tous les abus de l’université ne peuvent pas être imputés au gouvernement actuel, bien que les autorité auraient pu faire quelque chose contre cette situation.
En pensant interdire la diffusion de ce film, nos autorités ont attiré d’avantage la curiosité du public à le regarder. Ils ont ainsi fait la promotion de cette œuvre sans le savoir. Patriotiquement, on souhaite dire à nos autorités que ce film reflète la réalité de notre société et ne doit souffrir d’aucune censure. Ils doivent donc revoir leur décision.
Qu’à cela ne tienne, on est beaucoup plus suffoqué par le silence qui s’observe dans le milieu artistique centrafricain que la censure même du film « Nous, étudiants ! ». Comment comprendre que les artistes peuvent garder silence quand une œuvre d’art comme celle dont on parle subi une censure purement politique ?
Sous d’autres cieux, les artistes sont les premiers à s’indigner, à multiplier des déclarations médiatiques contre une pareille situation qui met en danger les œuvres artistiques et, témoigner également leur soutien à l’œuvre victime de censure. Il y a un sérieux manque de solidarité entre les artistes. Ce qui est d’autant plus remarquable dans un environnement politique assez instable comme celui de la RCA, car demain, ce peut être un autre artiste dont le travail sera boycotté.
Dommage, chez nous en RCA, les artistes ont oubliés leur rôle dans la cité. Leurs œuvres ainsi qu’eux-mêmes sont utilisés pour des campagnes politiques comme les électoraux et également celles visant la cohésion sociale entre les chrétiens et les musulmans. Quand il s’agit de dénoncer dans leurs œuvres les maux qui gangrènent la société, ils deviennent victimes de censure au nom de quoi, on ne saura le dire.