On nous chante à longueur de la journée que l’avenir c’est la jeunesse. La jeunesse est fer de lance. Elle incarne l’espoir… Pourtant aucune responsabilité n’est accordée aux jeunes. Trop peu ou presque pas d’espace leur est laissé pour la construction de leur propre avenir, qui est souvent défini sans qu’on les y associe. La jeunesse se retrouve donc exclue des sentiers qui mènent au chantier du développement.
Au lieu de définir les mécanismes de travail et d’engager les jeunes et les populations de manière générale à travailler dur pour le développement, les politiques se sont reposés sur ce slogan que N’Djamena est la vitrine de l’Afrique. Un slogan plutôt délirant pour les tchado-pessimistes comme moi. Le développement est un processus lent avec des étapes prioritaires à suivre. Une route barrée, une campagne contre le mariage des mineurs, les constructions des marchés modernes en plein désert, la lutte contre le terrorisme par ci, des Immeubles, villas, écoles, hôpitaux, viaduc, par là…ne sont aucunement à mon avis des signes du développement concret d’un pays.
Le développement suppose des solides investissements dans des infrastructures routières qui permettront un flux économique et social à l’intérieur du pays et une ouverture avec le reste du monde. Une transformation industrielle qui nous permettra de consommer ce que nous produisons. L’accès à l’éducation est une source intarissable du développement. Une éducation de qualité pour tous. Les Technologies de l’Information et de la Communication sont incontournables à l’ère numérique et la création d’emploi. Mais une chose est claire, on ne peut accéder au développement sans une stabilité politique et une bonne gouvernance.
Cependant, la jeunesse quant à elle, ce soit disant fer de lance est réservée pour la répression. Quelques faits marquant des jeunes de l’université de N’Djamena :
- Il n’y a pas si longtemps, le 9 mars 2015, une manifestation des élèves sur le port obligatoire de casques a été tournée en bain de sang, causant la mort d’Hassan Daouda Massing, étudiant en faculté de Droit dans la capitale tchadienne. Sur une vidéo qui avait largement circulée sur internet d’où l’on voit des hommes en uniforme GMIP (Groupement Mobile d’Intervention de la Police) tabassés les jeunes, les obliger à se rouler dans la bout, se raser le crâne avec une même lame de rassoir…
- Le matin du 23 avril 2015, les étudiants de la faculté des Sciences de la Santé de l’université de N’Djamena sont descendus dans la rue pour une marche pacifique, revendiquant la bourse, une indemnité qu’ils n’ont pas perçue depuis 6 mois. Et comme à l’accoutumée, le régime en place n’écoute jamais le hurlement de son peuple, cet ainsi que la marche, pourtant pacifique et donc non violente était tournée en répression par la police…
Le 13 juillet 2015, lors d’un rassemblement des étudiants à l’université de N’Djamena, avec à l’ordre du jour la revendication de 6 mois de bourses impayées, la police fait irruption. Des arrestations en ont suivis. Nadjo Kaïna, Président de l’Union Nationale des Etudiants Tchadiens (UNET) en a payé le prix. Incarcéré pour son leadership. Pour avoir dirigé des hommes (étudiants des universités du Tchad) chose qui est plus difficile que dirigé les militants de MPS (Mouvement Patriotique du Salut, parti présidentiel) comme le fait Deby. Nadjo fut libéré le 4 septembre 2015, après une longue bataille de justice.
Nadjo Kaïna a comprit une chose, tout a un prix, mais il y a des choses qui ne méritent pas d’être vendus : notre liberté. Sous quelle forme que ce soit, nous ne devons pas vendre notre âme au diable. En arrêtant la jeunesse pour un oui ou pour un non, en la séquestrant lors des manifestations non violentes, le régime fait, sans le savoir la communication de cette jeunesse, sauf que le plus souvent ses manifestations et arrestations tournent en bain de sang et des pertes de vies humaines s’en suivent, malheureusement.
C’est 19 Septembre 2015, lors d’une conférence de presse, organisée par l’Union Nationale des Etudiants du Tchad au Centre Al-mouna, Deby et son gouvernement ont empêché la tenue de la conférence des étudiants du Tchad sur leur condition d’étude (bientôt trois mois de grève).. La preuve qu’au Tchad, il n’y a pas la liberté d’expression. Sa police était partit prendre en otage les locaux du dit centre ; interdisant ainsi les étudiants de décider de leur sort…
Ces dernières années sur le continent africain, il y a de progrès énormes dans l’engagement des jeunes. Les technologies de l’information et de la communication fournissent un moyen très important dans cet engagement, et le Tchad n’en sera pas du reste.
En 2016, il y aura les élections présidentielles. A entendre parler les tchadiens dans les rues et dans les maquis, le seul espoir reste la jeunesse. Et Deby le sait. Mais il oublie une chose : un Etat démocratique « comme » le Tchad doit encourager le leadership de la jeunesse. Mener des débats engagés et concret avec les jeunes afin de pouvoir contrecarrer l’extrémisme religieux qui est à notre trousse, puisque 66% de la population tchadienne a 25 ans ou moins…