Dakar, la capitale du Sénégal, a accueilli les 16, 17 et 18 Novembre 2017, les rencontres Voice4thought. Elle a été pendant 3 jours le carrefour de discussions sur la responsabilité des sociétés africaines face à la radicalisation. Ce projet, mis en oeuvre par les associations Guediwaye Hip Hop, Africulture Urban soutenues par la fondation néerlandaise Voice4thought.
Le programme a été ouvert au Musée Théodore MONOD de l’IFAN en partenariat avec le laboratoire de recherches sur les transformations économiques et sociales sous forme de panels de discussions avec d’éminents chercheurs, artistes et activistes du Sénégal et de la sous-région en la présence effective de son Excellence l’ambassadeur des Pays Bas. Le public était composé d’étudiants, d’artistes, de professeurs et d’anonymes venus décrypter le message sur la radicalisation. Ces discussions ont permis aux différents intervenants de partager avec le public leurs visions sur cette problématique sous l’œil curieux des médias privés et de la Radio Télévision Sénégalaise.
La richesse reposait sur la diversité des échanges qui a permis de mieux comprendre la thématique aussi bien sur le plan négatif que positif. Le mot « jeune » est revenu plusieurs fois sur les discussions parce que c’est de cette catégorie sociale qu’il s’agit. Le lien avec la radicalisation a bien été explicite parce que le plus souvent associé à la déscolarisation, au chômage, à la pauvreté, à la délinquance, à l’immigration.
Les responsabilités des autorités politiques ont été pointées du doigt en terme d’absence de politique de jeunesse, de bonne gouvernance et de corruption. Ce qui voudrait dire que l’attitude des dirigeants politiques africains face à la gestion du bien public est déplorable.
Cependant, d’autres ont abondé dans le sens sens positif de la radicalisation en la mettant dans l’indignation à travers la naissance de mouvements comme Y’en A Marre du Sénégal, Balai Citoyen du Burkina Faso et IYINA du Tchad. Ces mouvements ont proposé de par leurs actions des formes de radicalisation pacifiques pour amener les jeunes de leurs pay respectif à s’engager dans les combats de la mobilisation et de l’émancipation citoyenne.
Des ateliers artistiques (Slam, Dj-ing, Video Photo…) ont mobilisé pendant trois jours des jeunes Guédiawaye et de Pikine pour les amener à décrypter originalement le sujet en écrivant, filmant et photographiant leurs réalités de tous les jours. Dans ces mêmes zones, des conférences ont eu lieu pour faciliter une interaction entre différentes couches sociales. Les concerts et les projections de films ont rassemblé les jeunes et les filles des banlieues pendant deux jours. Environ 3000 personnes dont la moyenne d’âge se situe entre 18 et 35 ans ont été sensibilisés sur la question de la radicalisation par les films diffusés à Pikine Dalifort et à Guédiawaye dans la commune de Wakhinane. Ces activités ont joué un rôle utilitaire dans le sens où elles ont donné la parole à des jeunes qui ne l’avaient jamais prise, agréable dans la mesure où elles ont permis à d’autres de s’exprimer et de se faire connaître. Des sénégalais, maliens, tchadiens, béninois, burkinabés ont échangé positivement sur des solutions pour construire ensemble un avenir meilleur.
La réception à la résidence a été un pont entre la rue et l’institution. Cette activité a suscité de manière réciproque un nouveau regard entre deux catégories sociales.
Les rencontres Voice4thought ont été l’occasion pour des jeunes des banlieues de faire un tour au musée de l’IFAN et de se frotter à des universitaires et des institutionnels pour la première fois. Aussi, la visite de l’ambassadeur à Dalifort a produit chez les jeunes une nouvelle forme d’ouverture et facilité le partage de leurs projets entrepreneuriaux.
Un film intitulé «Nit Nitay Garabam» a été produit par Guediwaye Hip Hop. Des articles de presse sont également disponible en supports physiques et en numériques. Des photos qui retracent tout le déroulement du Festival ont été prises ainsi qu’un documentaire.