C’est dans un milieu entièrement ou presque dominé par la gente masculine depuis son arrivée dans les années 80 au Tchad que la rappeuse Crazy Missy se maintient. C’est en femme libre et indépendante qu’elle écrit ses textes de rap et prend le micro parmi les hommes.
Au Tchad, si vous posez la question à n’importe qui du domaine de la musique sur le nombre des filles qui font le rap, la réponse est toute simple mais surprenante: une seule ! C’est dans ce milieu difficile que la jeune rappeuse, la seule à l’heure au Tchad essaye de se faire un nom, Crazy Missy, la rappeuse. “Le rap est une histoire d’amour. J’ai grandi avec ça! Mon oncle maternel passait des heures et des heures à écouter que du rap, c’est comme ça que le virus du rap m’a atteint et depuis, je ne m’en passe plus”, dit-elle. Comme la plus part des jeunes, Crazy Missy a d’abord commencé avec des interprétations au Lycée lors des bals de fin d’années, mais comme toujours au milieu des garçons. “Nous sommes dans une société africaine et purement machiste, c’est les hommes d’abord et encore eux et personnes d’autres. Faire du rap pour moi n’est pas un défi, ni une quelconque affirmation de ma féminité, je me plais dans un style de musique et je ne me pose aucune autre question”.
Il y’a dix ans, la jeune fille commence à écrire ses premier textes et participe à sa première compétition de musique dénommée ‘Top star’. En 2010 elle sort un maxi single chez Faraho production avec le rappeur Dogg Faddah à Bamako au Mali. L’appétit venant en mangeant, un an plus tard Crazy Missy sort un autre single avec Brainy Mixes à Accra, c’est-à-dire en 2011. La carrière de la seule rappeuse tchadienne va être fortement bouleversée lorsqu’en 2013 elle a été détectée par l’un des plus grands label au Tchad, Preston Concept. Sa visibilité a été grande avec des nombreuses collaborations qu’elle a eu à faire avec les autres rappeurs. Elle est également très présente lors des passages des autres musiciens étrangers au Tchad. Avec le label Preston Concept, elle est l’une des voix puissantes de Team PCR, un collectif des rappeurs de la boite, très appréciés au Tchad.
Il est vrai cependant que le rap féminin africain existe, surtout beaucoup plus dans d’autres pays, mais ses difficultés sont presque les mêmes, puisque fortement dominé par les hommes. Le rap est une expression libre et il tourne autour des textes engagés, sur des questions de citoyenneté, de gouvernance, de la démocratie, de la valeur de l’homme noir, etc. alors qu’au fil du temps, le rap a tellement évolué ces dernières années qu’il ne faut pas forcement le catégoriser avec l’engagement politique. Dans ces textes, Crazy Missy se veut une femme libre, indépendante et émancipée, une femme qui dénonce les harcèlements, une femme qui s’assume et fier d’être dans un milieu où les stéréotypes sont monnaie courante. Loin d’être politiquement correcte, Crazy Missy vit son époque, puisque chaque artiste doit vivre de son époque, faire face aux préjugés c’est ce qui alimente ses chansons.
Bien avant Crazy Missy, il y’a très peu de femmes qui s’essayent dans le rap, il y’a notamment le groupe Nding-Pa composé de trois filles qui étaient à un moment donné très présente sur la scène avec à la tête Lorsya. Audrey Linda qui naviguait entre le rap et d’autres tendances. Il faut noter que le tout premier album de Crazy Missy sortira cette année mais avec une particularité, des collaborations avec les anciens rappeurs tchadiens.
Informaticien de formation à HEC TCHAD, il a été infographiste puis chargé de l’édition aux Editions Sao (une maison d’édition de livre) pendant 5 ans (jusqu’à 2015). Activiste bloggeur. Jeune ambassadeur de UNFPA Chad. Membre à Youth Council (US Embassy Chad). Chargé des affaires culturelles à l’association Tchad Plus, qui l’ont conduit à effectuer quelques voyages en Tunisie, en Indonésie, au Sénégal. Très touché par les questions liées aux droits humains, il a tout laissé pour se consacrer aux études de droit en 2015 (faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de N’djamena).